Pierre Duro, patron de la Task Force serait-il le véritable homme fort de la transition au Gabon ?

Pierre Duro, patron de la Task Force serait-il le véritable homme fort de la transition au Gabon ?

Sous la présidence de transition de Brice Clotaire Oligui Nguema, une figure en particulier semble tirer les ficelles du pouvoir : Pierre Duro. Ce franco-andorran, à la tête de la task force qui est une instance rattachée à la présidence et chargée d’auditer les dettes de l’Etat du Gabon, est au cœur d’une toile de connexions douteuses et d’activités financières obscures qui mettent en lumière l’étendue de son influence, notamment à travers ses liens avec des hommes d’affaires controversés tels que Khalil Rihan et Karl Rolly.

Installé au Gabon depuis l’ère d’Omar Bongo, Duro a gravi les échelons du pouvoir, se présentant comme un expert judiciaire. Nommé par Ali Bongo à la fin des années 2010, puis à nouveau choisi par Oligui Nguema en 2023, son rôle dépasse largement celui d’un simple conseiller. Grâce à sa position à la tête de la task force, et à son statut d’officier de police judiciaire obtenu en mai 2024, Pierre Duro est devenu le pilier central du régime du putschiste Oligui. Ses actions sont de plus en plus contestées au sein même du CTRI où certains généraux de la junte s’inquiètent de son influence grandissante sur Brice Clotaire Oligui Nguema.

Duro entretiendrait donc d’étroites relations d’affaires avec Khalil Rihan, un homme d’affaires d’origine libanaise, prospère dans le BTP et détenteur de multiples contrats publics dont ceux de la garde républicaine de Oligui Nguema pour laquelle son entreprise a exécuté de nombreux marchés publics. Leur relation, loin d’être anodine, s’inscrit dans une série de manœuvres financières troubles qui alimentent des flux monétaires entre leurs comptes respectifs au Gabon et en Andorre. Ce réseau opaque soulève de graves questions sur l’utilisation des fonds publics, notamment dans le cas de la Société d’énergie et d’eau du Gabon.

SEEG, Scandale au Gabon

En effet, courant juillet 2024, un vaste scandale éclate autour de la SEEG, révélant un réseau de détournements financiers de plusieurs milliards de francs CFA par mois. L’enquête initialement menée par la Direction Générale de la Recherche (DGR), sous l’autorité de Jean Norbert Madjoupa, a rapidement orienté ses investigations vers Pierre Duro, Khalil Rihan et Karl Rolly qui est lui consultant occasionnel pour Duro. Rolly, bien que discret, est également impliqué dans la gestion de la SEEG et semble être un rouage essentiel du dispositif mis en place par Duro.

Pourtant, dès que l’enquête a commencé à se rapprocher dangereusement de ces trois personnages, elle a été brutalement suspendue pour être confiée contre toute attente à la Task Force que dirige l’un des suspects présumés de cette sombre affaire de détournements, en l’occurrence Pierre Duro. Résultats des courses, le directeur général de la SEEG, Joël Lehman Sandoungout, pourtant à l’origine de la plainte a été limogé. Moi Makaya, je vous le dis la gestion opaque de ce dossier démontre l’évidence de la mainmise de Duro sur le pouvoir. Le président de la transition, loin de protéger l’intérêt des populations gabonaises qui souffrent des nombreux délestages et des coupures intempestives d’eau, semble être sous l’emprise de son conseiller, sacrifiant la transparence de la justice au détriment de ses intérêts personnels.

Oligui Nguema, du côté de la fraude !

En effet, en confiant à Duro et à sa Task Force la poursuite de l’enquête sur les détournements à la SEEG, Oligui Nguema a définitivement tranché en faveur de cet homme. Cette décision laisse effectivement penser que le chef de la junte est prisonnier des jeux de pouvoir complexes orchestrés par son obscur conseiller. La crise à la SEEG et les détournements massifs qui l’entourent ne sont qu’une illustration supplémentaire de la dérive autoritaire et opaque qui gangrène le sommet de l’État.

Ainsi, Pierre Duro, épaulé par ses alliés Khalil Rihan et Karl Rolly, semble manipuler à sa guise les rouages du régime gabonais, plongeant davantage le pays dans une spirale de corruption, tandis qu’Oligui Nguema, désormais perçu comme sa marionnette, en subit passivement les conséquences.

Publication: Moi Makaya