Le parti de l’opposition REAGIR traverse, depuis quelques temps, une crise sans précédent. En effet, ce qui pourrait passer pour une querelle interne est en réalité une opération savamment planifiée par le pouvoir en place. Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la transition, aurait secrètement confié à Persis Lionel Essono Ondo la mission de saboter et d’anéantir Réagir. En contrepartie, ce dernier s’est vu gratifié, le 19 décembre 2024, du prestigieux poste d’Administrateur Directeur Général (ADG) du Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS), organisme gérant 500 millions de dollars d’actifs.
Mais derrière cette stratégie perfide, se cache une utilisation abusive des institutions judiciaires et sécuritaires pour servir un agenda politique despotique.
Une justice aux ordres pour appuyer un coup de force
Malgré son exclusion officielle de REAGIR en novembre 2024, pour des faits graves tels que falsification et atteinte à l’unité du parti, Persis Lionel Essono Ondo persiste à se revendiquer comme leader légitime. Plus grave encore, il orchestre, le 18 décembre 2024, une prise de force du siège du parti, en totale violation d’une décision de justice du 11 décembre qui l’avait pourtant débouté de toute revendication sur les locaux.
Flanqué d’hommes cagoulés, armés et accompagnés de chiens, il expulse manu militari les employés légitimes de Réagir. Cette occupation illégale, digne d’une milice privée, aurait été impossible sans le soutien tacite du régime. La police et les forces de l’ordre, pourtant promptes à réagir face toute forme de contestation et de dénonciation, restent curieusement silencieuses face à cette flagrante violation de la loi.
Ce deux poids, deux mesures, trahit l’instrumentalisation totale du système judiciaire et sécuritaire par Oligui Nguema. Quand la justice refuse de servir ses desseins, c’est la force brute qui prend le relais, démontrant ainsi l’absolue impunité dont bénéficient les agents du pouvoir.
Une ascension fulgurante en guise de récompense… suivie d’une chute brutale
Pour avoir exécuté la basse besogne du régime, Essono Ondo est parachuté à la tête du FGIS. Une nomination qui suscite immédiatement le scepticisme : comment un homme dont le passé professionnel est truffé de zones d’ombre peut-il se voir confier une institution aussi stratégique ?
Une enquête de Africa Intelligence révèle que son CV est un tissu de mensonges :
Natixis Capital Equity, où il prétend avoir travaillé, n’a jamais existé.
Nexus Capital Market, qu’il aurait rejoint en tant que manager en Afrique francophone, n’apparaît dans aucun registre officiel au Luxembourg.
Racine Investment Bank, sa prétendue création en 2020, s’avère être une coquille vide, affichant 100 livres sterling d’actifs en 2023.
À peine installé le 26 décembre 2024, Essono Ondo révèle son incompétence flagrante : il exige un bureau luxueux au sommet de l’immeuble, réclame un véhicule de 80 millions de FCFA et adopte un style de gestion autoritaire et opaque, suscitant la méfiance des partenaires financiers du Gabon.
Les bailleurs internationaux, préoccupés par l’absence totale de crédibilité du nouvel ADG, exercent une pression énorme sur le régime. Son maintien devient indéfendable. Résultat ? Le 22 janvier 2025, moins d’un mois après sa nomination, il est brutalement démis de ses fonctions lors d’un Conseil des ministres expéditif.
Un pion sacrifié, mais un parti toujours menacé
La disgrâce rapide d’Essono Ondo illustre l’amateurisme cynique du régime : Oligui Nguema l’a utilisé pour affaiblir un adversaire politique, avant de l’abandonner face aux critiques internationales. Mais si Essono Ondo a chuté, le plan machiavélique du régime demeure intact.
Le siège de REAGIR est toujours occupé illégalement. La justice continue d’être biaisée au profit du pouvoir. La force publique, loin de garantir l’ordre républicain, est un simple instrument de répression.
Cet épisode révèle une fois de plus la stratégie du régime militaire : coopter, diviser, neutraliser. Brice Clotaire Oligui Nguema n’a qu’un seul objectif : éradiquer toute opposition crédible pour pérenniser son règne illégitime. Et pour cela, tous les moyens, même les plus abjects, sont bons.