Gabon : Une transition militaire sous le sceau de la corruption selon Transparency International

Gabon : Une transition militaire sous le sceau de la corruption selon Transparency International

En dépit des promesses de moralisation et de restauration de l’État formulées par les militaires ayant pris le pouvoir en août 2023, le Gabon s’enlise inexorablement dans une corruption endémique. Selon le dernier Indice de perception de la corruption de Transparency International, le pays a perdu un point par rapport à l’année précédente, affichant un score désastreux de 27 sur 100 et se classant au 135e rang mondial sur 180 pays. Un constat accablant qui jette une lumière crue sur les défaillances du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) et de son chef, le général Brice Clotaire Oligui Nguema.

Une dégradation inquiétante

Dès leur prise de pouvoir, les putschistes ont prétendu vouloir éradiquer les dérives du régime déchu, fustigeant une administration gangrenée par le népotisme et le détournement des deniers publics. Or, à l’aune des faits, il apparaît que ces engagements relèvent davantage du subterfuge que d’une réelle volonté de réforme. La chute du Gabon dans le classement de Transparency International en 2024 témoigne d’un renforcement des pratiques corruptrices, lesquelles se sont insidieusement institutionnalisées sous la transition militaire.

Des scandales en cascade

La multiplication des scandales illustre cette dérive alarmante. L’un des cas les plus emblématiques est celui de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), où des détournements massifs de fonds ont été mis au jour, mettant en exergue l’impunité dont jouissent les prédateurs de l’économie nationale. Alors que les coupures d’électricité et les pénuries d’eau rythment le quotidien des Gabonais, des sommes colossales se volatilisent au sein de cette entreprise stratégique sans que des sanctions exemplaires ne soient prises.

Dans un registre tout aussi édifiant, Aurélien Marcel N’Guema, ancien directeur général du budget et des finances publiques, s’est illustré par des malversations d’une ampleur abyssale. Sa gestion opaque et ses collusions avec certains cercles influents du pouvoir ont gravement fragilisé les finances publiques, exacerbant la crise économique et sociale qui frappe le pays.

Par ailleurs, la Taskforce sur la dette intérieure, dirigée par Pierre Duro, s’est révélée être une machine à corruption à grande échelle. Présentée initialement comme un organe de régulation visant à assainir les finances de l’État, elle s’est rapidement muée en un instrument de favoritisme et d’extorsion, octroyant des paiements indus à des créanciers fictifs tout en laissant sur le carreau de nombreux entrepreneurs légitimes.

Une responsabilité au sommet de l’État

Face à ces dérives, le rôle du CTRI et de son président, Brice Clotaire Oligui Nguema, mérite d’être scruté avec la plus grande attention. Loin de restaurer l’intégrité des institutions, ce dernier semble avoir consolidé un système où la corruption prospère à l’ombre de la répression et de la communication populiste. En effet, malgré l’éclatement de ces scandales, les sanctions se font attendre et les responsables jouissent d’une impunité flagrante, nourrissant ainsi une défiance généralisée envers l’exécutif.

Plus encore, les réformes promises pour assainir l’administration publique tardent à voir le jour, et les rares mesures mises en œuvre se révèlent inefficaces, voire cosmétiques. En l’absence de mécanismes de contrôle rigoureux et d’une justice indépendante, la gabegie financière se poursuit en toute quiétude, accentuant la détérioration du climat économique et social.

Un avenir compromis

Si la situation demeure inchangée, le Gabon risque de s’enfoncer davantage dans une spirale infernale de corruption et d’instabilité institutionnelle. La transition militaire, qui devait incarner un renouveau, apparaît désormais comme un prolongement des pratiques du passé, légitimant les comportements frauduleux au plus haut sommet de l’État.

Le peuple gabonais, las de voir ses ressources pillées par une élite prédatrice, attend des actes forts. Mais tant que les autorités en place ne feront pas preuve d’une volonté politique réelle de combattre la corruption, le pays continuera inexorablement sa descente aux enfers. L’histoire récente de l’Afrique regorge d’exemples où l’inaction face à la corruption a mené à l’effondrement des États. Le Gabon, s’il persiste dans cette voie, risque de ne pas faire exception.

 

 

 

Leave a Reply

Your email address will not be published.