Libreville, février 2025 – Acculé par une économie exsangue et sous pression du FMI, Brice Clotaire Oligui Nguema se tourne désormais vers Abu Dhabi pour renflouer les caisses de l’État. Derrière cette ruée opportuniste vers les pétrodollars émiratis, un homme joue un rôle clé : Mark Doumba, nouveau ministre de l’Économie, dont les connexions avec le monde des affaires à Dubaï suscitent les plus vives inquiétudes. Loin d’être un simple facilitateur, il orchestre l’attribution opaque de marchés stratégiques aux investisseurs émiratis, au détriment de l’intérêt national.
Un pillage organisé des secteurs clés de l’économie
Le 21 janvier 2025, une délégation d’hommes d’affaires d’Abu Dhabi, menée par Abdul Jabbar Al Sayegh, débarque à Libreville. Ce magnat, à la tête du conglomérat Al Sayegh Group (ASG), ne vient pas en touriste : il prospecte activement dans les secteurs pétrolier, minier, portuaire et agricole, des domaines ultra-stratégiques pour le Gabon.
Officiellement, Oligui Nguema cherche à attirer des investissements étrangers pour relancer l’économie. En réalité, ces négociations ne sont qu’un écran de fumée destiné à masquer l’attribution, sans appel d’offres, de ressources nationales à des intérêts privés émiratis. À la manœuvre, Mark Doumba, ancien gestionnaire d’une société d’investissement basée à Dubaï, aujourd’hui ministre de l’Économie, dont les liens troubles avec les Émirats trahissent une compromission évidente.
Mark Doumba, l’architecte d’un réseau mafieux
Si les investisseurs émiratis jouissent d’un accès privilégié aux richesses gabonaises, c’est grâce au rôle central de Mark Doumba. Fils d’Emile Doumba, ancien ministre des Finances sous Omar Bongo et fondateur de la holding Enovate Capital à Dubaï, ce dernier a directement évolué au sein des circuits financiers émiratis avant d’être propulsé au gouvernement par Oligui Nguema. Un pur produit du système, recyclé pour servir d’interface entre la junte militaire et les milieux d’affaires d’Abu Dhabi.
Avant sa nomination, Mark Doumba dirigeait ClikAfrik Group, une fintech financée par Enovate Capital, la structure familiale. Ses relations aux Émirats ne sont donc pas celles d’un simple ministre cherchant des partenariats internationaux, mais bien celles d’un homme placé au cœur d’un dispositif de spoliation des ressources gabonaises, profitant à ses anciens partenaires dubaïotes.
Un État bradé au plus offrant
En novembre 2024, Libreville tentait déjà de lever en urgence 80 millions de dollars en échange de pétrole auprès d’Abu Dhabi. Une opération désespérée qui illustre la précipitation du régime à hypothéquer l’avenir du pays pour financer une transition en déroute.
Désormais, ce sont les infrastructures stratégiques qui sont dans le viseur des Émiratis :
Le pétrole, avec l’OPA d’ASG sur des actifs de la Gabon Oil Company (GOC) ;
Les mines, où les Émirats lorgnent sur des concessions ;
Les ports, avec des négociations en cours pour confier une partie du terminal de Port-Gentil à Abu Dhabi Ports ;
L’agriculture, un secteur théoriquement souverain mais dont les projets risquent d’être livrés à des exploitants étrangers.
Cette cession progressive des leviers économiques du Gabon à des investisseurs étrangers sans la moindre mise en concurrence révèle la véritable nature du régime Oligui : un pouvoir de prédation, organisé autour d’un clan, qui instrumentalise l’État au profit d’intérêts privés.
Une diplomatie de la servitude
Pour légitimer ce marchandage, Oligui Nguema multiplie les démonstrations de complaisance envers les Émirats. En janvier 2025, il s’entretient avec Khalid Matar Al Mannaei, vice-président des affaires politiques émiraties, pour officialiser la suppression des visas entre les deux pays. Derrière ce rapprochement diplomatique se cache une volonté cynique d’ouvrir encore plus grand les portes du Gabon aux capitaux d’Abu Dhabi.
Lors de sa dernière visite aux Émirats, fin 2024, Oligui Nguema n’avait même pas été reçu par Mohamed bin Zayed Al Nahyan (MBZ), le président émirati. Relégué à un entretien avec le vice-président Mansour bin Zayed Al Nahyan, il a dû se contenter d’un statut de quémandeur, suppliant pour des financements d’urgence.
Cette soumission à une puissance étrangère, orchestrée par un ministre dont les liens avec les Émirats sont d’une opacité totale, met en péril la souveraineté économique du Gabon. Oligui Nguema, par son incompétence et son obsession à se maintenir au pouvoir, est en train de vendre le pays aux enchères, et Mark Doumba est l’homme de main de cette vaste opération de bradage national.