Dans l’ombre feutrée des couloirs de la présidence gabonaise, un acteur clé de la machine étatique se révèle être un rouage central du dispositif répressif et manipulateur du régime de transition. Cet acteur, c’est le Service d’Interception, de Localisation et d’Analyse des Menaces (SILAM). Créé dans les années 1980 sous l’égide des services secrets français (le SDECE, aujourd’hui DGSE), le SILAM n’a cessé d’évoluer pour devenir, sous la direction de Jean Charles Solon, une véritable pieuvre technologique, omniprésente dans le quotidien des Gabonais.
À la tête de cet organisme depuis 2008, Jean Charles Solon, ancien agent de la DGSE et homme d’influence d’origine malgache, incarne le parfait relais d’une surveillance généralisée au service d’un pouvoir soucieux de museler toutes formes d’opposition. Maintenu à son poste après le coup d’État de 2023 par le général Brice Oligui Nguema, Solon est devenu l’un des piliers d’un dispositif visant à renforcer l’emprise du régime putschiste sur l’élection présidentielle prévue le 12 avril 2025.
Une agence d’espionnage au cœur du pouvoir
Initialement conçue pour contrer les menaces extérieures et intérieures, le SILAM est aujourd’hui bien plus qu’un simple outil de renseignement. Placé directement sous le contrôle de la présidence, il agit comme une extension de la volonté du chef de l’État. Équipé des technologies d’interception les plus avancées, le SILAM surveille appels téléphoniques, messages WhatsApp, e-mails, et même les activités sur les réseaux sociaux.
Cette capacité d’ingérence massive dans la vie privée des citoyens en fait un instrument privilégié de répression. En intégrant l’ARCEP en 2019, Jean Charles Solon a consolidé son emprise sur l’ensemble du réseau de télécommunications gabonais, rendant la surveillance et le contrôle quasi totaux. Ce contrôle technologique lui permet de cibler spécifiquement les figures de l’opposition et de manipuler les communications en temps réel.
Un rôle stratégique pour des élections verrouillées
Alors que le Gabon s’apprête à vivre une échéance électorale cruciale, le rôle du SILAM devient encore plus préoccupant. Selon plusieurs sources internes, Jean Charles Solon a reçu pour mission de superviser un programme massif de surveillance des candidats, des militants, et même des électeurs. Ce système sophistiqué, combinant espionnage et désinformation, vise à paralyser toute contestation et à orienter les résultats en faveur du général Oligui Nguema.
Plus inquiétant encore, le SILAM aurait également un rôle actif dans la manipulation des données électorales. Grâce à son contrôle sur les infrastructures télécoms, il serait en mesure d’interférer avec les systèmes de transmission des résultats et de brouiller les communications des observateurs internationaux. L’objectif est clair : garantir une victoire incontestée, au mépris de la transparence et de la souveraineté populaire.
Une mainmise étrangère, reflet d’un système vassalisé
Le maintien de Jean Charles Solon à la tête du SILAM illustre une réalité troublante : l’influence étrangère sur les institutions gabonaises. La présence d’un ancien agent de la DGSE à un poste aussi stratégique soulève des questions légitimes sur la souveraineté nationale. Le général Oligui Nguema, tout en prétendant incarner un renouveau politique, s’appuie sur un système hérité du passé et profondément marqué par des intérêts extérieurs.
Cette dépendance est d’autant plus alarmante que le SILAM, conçu pour protéger le Gabon des ingérences, devient paradoxalement le cheval de Troie d’une domination étrangère. Jean Charles Solon ne rend compte qu’au président, réduisant l’appareil d’État à un instrument personnel au service d’un agenda autocratique.
Un avenir électoral sous haute tension
À mesure que l’échéance électorale approche, les inquiétudes grandissent quant à l’intégrité du processus démocratique. Les méthodes du SILAM, combinant surveillance de masse et manipulation, renforcent un climat de peur et d’incertitude. Si ces pratiques ne sont pas dénoncées et stoppées, le scrutin du 12 avril 2025 risque de se transformer en une farce électorale, privant les Gabonais de leur droit à un vote libre et transparent.
Le SILAM, jadis symbole de protection et de renseignement, s’est mué en un instrument de coercition au service d’un pouvoir en quête de contrôle absolu. Le silence autour de cette machine répressive est un signal d’alarme pour tous ceux qui aspirent à un Gabon démocratique et souverain. À moins d’une mobilisation massive de la société civile et de la communauté internationale.