Au Gabon, les routes sont bien plus qu’un simple moyen de transport. Elles sont le lien vital entre les citoyens et les services essentiels, les marchés, les écoles, les hôpitaux. Elles sont la colonne vertébrale du développement. Pourtant, année après année, régime après régime, la situation reste désespérément la même : des routes délabrées, impraticables, parfois inexistantes.
Dernièrement, le président putchiste Brice Clotaire Oligui Nguema a annoncé avec assurance avoir construit 1 960 kilomètres de routes en seulement 18 mois. Une prouesse technique — sur le papier — qui aurait dû bouleverser la mobilité et l’économie nationale. Mais une question s’impose avec de plus en plus d’insistance : où sont ces routes ?
Car sur le terrain, les Gabonais cherchent ces 1 960 kilomètres comme on cherche une aiguille dans une botte de foin. Aucune cartographie publique, aucun rapport technique, aucune transparence. Les axes majeurs, eux, sont toujours dans un état déplorable. À l’intérieur du pays, la situation est encore plus critique.
« Entre Koulamoutou et Pana, c’est la jungle. Il faut parfois dormir sur place quand le véhicule s’enlise », raconte André, conducteur de camion.
« Si ces routes existent, elles ont été construites dans un autre pays », ironise Mireille, commerçante à Lambaréné.
Selon un rapport de la Banque africaine de développement, moins de 11 % des routes gabonaises sont bitumées. Dans un pays qui affiche des ambitions de modernisation, ce chiffre est un aveu d’échec. Le réseau routier s’étend sur environ 9 000 km, mais seule une infime partie est réellement praticable pendant toute l’année. Le reste ? Des pistes de latérite rongées par les pluies, des ponts effondrés, des tronçons laissés à l’abandon.
Et pourtant, les budgets alloués aux infrastructures routières sont colossaux. Des milliards de francs CFA sont mobilisés, souvent dans l’opacité la plus totale. Où passent ces fonds ? Qui contrôle leur exécution ? Le peuple n’a que trop rarement les réponses.
La déclaration du président Oligui s’inscrit dans une longue tradition de promesses grandiloquentes jamais vérifiées. Mais cette fois-ci, le mensonge est trop gros pour passer inaperçu. L’annonce de 1 960 kilomètres de routes, sans preuves tangibles, apparaît comme une tentative grossière de maquiller un bilan fragile.
Pendant ce temps, les Gabonais continuent de souffrir. Les trajets sont longs, coûteux, épuisants. Les accidents sont fréquents. L’économie ralentit faute de fluidité dans les échanges. Comment prétendre transformer un pays quand les routes restent dignes d’un autre siècle ?
Aujourd’hui, nous lançons un appel. Monsieur le Président, vous devez des explications au peuple. Où sont ces routes ? Quels sont leurs tracés ? Dans quelles provinces ? À quel coût ? Le silence ou le flou ne sont plus acceptables.
Le Gabon ne se relèvera pas à coups de slogans. Il se relèvera avec du bitume, du béton, et de la vérité.
Par Un citoyen exaspéré
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